Aller au contenu

Les news du Patro / Des ponts par-dessus le danger

Sens  |  03.23.2020

Des ponts par-dessus le danger

Parmi toutes les constructions inventées par le génie humain pour se faciliter la vie, le pont est parmi les plus anciennes. Passerelle en cordages au-dessus d’un ruisseau, pont de bois par-dessus une petite rivière, pont de pierre qui voit défiler sous ses arches barques et péniches, géants métalliques de plusieurs kilomètres qui enjambent l’océan pour relier une île au continent. Du pont, on retient surtout le « tablier », surface sur laquelle on circule et qui domine l’eau. Mais ce qui permet le pont, en réalité, ce sont les deux « piles », posées de part et d’autre, qui soutiennent le tablier et en assurent la stabilité. Qu’une pile vienne à lâcher et c’est le pont tout entier qui s’effondre…

Leur écartement doit être soigneusement calculé : trop éloignées l’une de l’autre, les piles fragilisent l’ensemble de l’ouvrage, raison pour laquelle si le fleuve est large, il faut placer sous le tablier des piles intermédiaires… Un ingénieur en génie civil vous expliquera que tous ces éléments sont solidaires, c’est-à-dire que ce qui affecte un élément (secousse, effritement…) entraîne des conséquences sur l’ensemble des autres. Autrement dit, la solidarité , ce n’est pas d’abord une belle valeur humaniste, c’est un principe de… mécanique !

Or, si personne ne conteste ce principe scientifique lorsqu’il s’agit d’un pont, ça se complique parfois chez les humains. On a beau savoir que nos modes de vie ont des répercussions grave sur le climat : bah, ça finira bien par s’arranger…La crise du coronavirus, elle, est impossible à éluder parce que le danger, il est là, parmi nous et peut frapper sans distinction de richesse ou de savoir. Alors, on impose une « distanciation sociale », expression maladroite pour exprimer ce bon vieux principe de mécanique qui veut que la solidité d’un ensemble tient à la solidarité de toutes ses parties. Garder nos distances, rester chez nous, c’est nous poser comme piliers, dépendants les uns des autres, fiers de l’être. Des piliers sur lesquels on peut bâtir des ponts, inattendus, créatifs, porteurs de sens.

En chinois, l’idéogramme qui représente le mot crise est composé de deux éléments (solidaires, eux aussi…) : l’un signifie danger et l’autre, opportunité. Au Patro, les opportunités, on sait les saisir ! Et parce qu’on est vraiment solidaires, ce qui réjouit ou blesse un membre affecte tous les autres. Alors, gardons nos bonnes distances, créons des ponts solides : le coronavirus passera dessous et finira par disparaître. Les ponts, eux, demeureront.

Myriam Tonus, accompagnatrice fédérale de sens.

Faire défiler vers le haut